Interceptés

Arte
|

Décryptage & investigation

2024

1 h 30 min

Anglais

Tous publics

Disponible jusqu'au 09/01/2026

À l’image défilent des paysages et des intérieurs dévastés, entre villes et campagnes, souvent regardés à distance, parfois depuis l'habitacle d'un char, dans un profond silence, comme dans le temps suspendu qui suit la déflagration. Des civils ukrainiens continuent d’y vivre, tant bien que mal : des enfants jouant dans les hautes herbes, des vieilles dames cuisinant dans une cave encombrée de lits, une partie adolescente de volley au milieu de grands ensembles bombardés, une distribution villageoise d'aide humanitaire... Au son, des soldats russes anonymes, enregistrés à leur insu par les services secrets ukrainiens, téléphonent à leurs proches, des femmes en grande majorité. Aux avant-postes de l'invasion, leurs dialogues témoignent du succès de la propagande russe, mais aussi de la violence planifiée, notamment contre les civils (pillages, exécutions sommaires, viols, tortures…), et, plus rarement, du doute, voire de la détresse des soldats au front. Les voix "de l'arrière", elles, semblent approuver massivement, à de très rares exceptions près, les actes criminels qui leur sont racontés. Errances "Tuez-les tous, ces saletés, et rentrez vite à la maison !" Soir après soir, dans les trois premières semaines qui ont suivi l'attaque du 24 février 2022, Oksana Karpovych a écouté les enregistrements de quelque 900 conversations privées captées et diffusées sur Internet par Kiev, dans le cadre de l'intense guerre de l’information destinée à contrer les mensonges de l’agresseur. Elle n’a sélectionné qu’une partie de ces appels, interdits, et pour cause, par le commandement russe. Provoquant une sidération d’autant plus puissante que l'intimité du contexte conduit à s’identifier aux locuteurs, ils se superposent à une errance le long des routes ukrainiennes, où chacun des visages rencontrés s'apparente à une cible potentielle. La jeune réalisatrice, qui a voulu aussi rendre hommage à la "résilience" des Ukrainiens, démontre avec une efficacité imparable la nature impérialiste de l’attaque et les crimes de guerre orchestrés par le régime de Vladimir Poutine – même si l’on ne peut exclure que les services ukrainiens aient choisi de mettre en ligne les écoutes les plus utiles à leur cause. Mais au-delà de la dénonciation, ce film hypnotique, presque musical, contraint en douceur à se déplacer pour ressentir dans sa fragilité l’humanité commune aux victimes et aux bourreaux, face à la terreur omniprésente qui demeure hors champ.En savoir plus
Diffusé le 10/12/2024 à 21h46 - Disponible jusqu'au 09/01/2026
À l’image défilent des paysages et des intérieurs dévastés, entre villes et campagnes, souvent regardés à distance, parfois depuis l'habitacle d'un char, dans un profond silence, comme dans le temps suspendu qui suit la déflagration. Des civils ukrainiens continuent d’y vivre, tant bien que mal : des enfants jouant dans les hautes herbes, des vieilles dames cuisinant dans une cave encombrée de lits, une partie adolescente de volley au milieu de grands ensembles bombardés, une distribution villageoise d'aide humanitaire... Au son, des soldats russes anonymes, enregistrés à leur insu par les services secrets ukrainiens, téléphonent à leurs proches, des femmes en grande majorité. Aux avant-postes de l'invasion, leurs dialogues témoignent du succès de la propagande russe, mais aussi de la violence planifiée, notamment contre les civils (pillages, exécutions sommaires, viols, tortures…), et, plus rarement, du doute, voire de la détresse des soldats au front. Les voix "de l'arrière", elles, semblent approuver massivement, à de très rares exceptions près, les actes criminels qui leur sont racontés.  Errances  "Tuez-les tous, ces saletés, et rentrez vite à la maison !" Soir après soir, dans les trois premières semaines qui ont suivi l'attaque du 24 février 2022, Oksana Karpovych a écouté les enregistrements de quelque 900 conversations privées captées et diffusées sur Internet par Kiev, dans le cadre de l'intense guerre de l’information destinée à contrer les mensonges de l’agresseur. Elle n’a sélectionné qu’une partie de ces appels, interdits, et pour cause, par le commandement russe. Provoquant une sidération d’autant plus puissante que l'intimité du contexte conduit à s’identifier aux locuteurs, ils se superposent à une errance le long des routes ukrainiennes, où chacun des visages rencontrés s'apparente à une cible potentielle. La jeune réalisatrice, qui a voulu aussi rendre hommage à la "résilience" des Ukrainiens, démontre avec une efficacité imparable la nature impérialiste de l’attaque et les crimes de guerre orchestrés par le régime de Vladimir Poutine – même si l’on ne peut exclure que les services ukrainiens aient choisi de mettre en ligne les écoutes les plus utiles à leur cause. Mais au-delà de la dénonciation, ce film hypnotique, presque musical, contraint en douceur à se déplacer pour ressentir dans sa fragilité l’humanité commune aux victimes et aux bourreaux, face à la terreur omniprésente qui demeure hors champ.
Maison de production :
les Films Cosmos / Hutong Productions / Moon Man
Réalisé par :
Oksana Karpovych