Six nations 2024 : la ferveur marseillaise, les Bleus si peu à l'aise... Ce que l'on a aimé et moins aimé dans la défaite du XV de contre l'Irlande

Pour leur premier match post-Coupe du monde, les Bleus ont été largement dominés (17-38) par le XV du Trèfle, vendredi soir, à Marseille, en ouverture du Tournoi des six nations.

Publié le 02/02/2024 23h56 - Mis à jour le 03/02/2024 0h18
Temps de lecture : 4 min
Caelan Doris résiste au plaquage de Grégory Alldritt, le 2 février 2024 au stade Vélodrome de Marseille.
Caelan Doris résiste au plaquage de Grégory Alldritt, le 2 février 2024 au stade Vélodrome de Marseille. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

C'est une impression qu'on avait oubliée. Un XV de aussi impuissant, cela remonte à loin, très loin. Un XV de battu, en revanche, c'est malheureusement dans le prolongement du dernier quart de finale de la Coupe du monde. S'il est trop tôt pour dire que ces séquelles ne se sont pas entièrement guéries, il n'est en revanche pas anticipé d'affirmer que les partenaires de Grégory Alldritt ont d'ores et déjà compromis leurs chances de victoire dans le Tournoi des six nations 2024 après leur défaite, vendredi 2 février, face à une Irlande conquérante. 

On a aimé : 

Vélodrome sweet home

Rien de tel, pour panser les plaies d'une déception amoureuse née d'un Mondial inachevé, que de renouer avec la chaleur de Marseille. Pas rancunier, le public du Vélodrome a accueilli la bande à Galthié à bras ouverts et à gorge déployée. Show pyrotechnique pour l'entrée des gladiateurs, Marseillaise à donner la chair de poule, soutien malgré tout quand le bateau bleu sombrait... La cité phocéenne a fait honneur à sa réputation. De guerre lasse, elle a tout de même laissé filtrer, au fil du match, les chants à la gloire du XV du Trèfle. Mais le Vélodrome, lui, aura répondu présent. 

Le renouvellement perpétuel irlandais

On a beau les savoir vieillissants, cela ne se voit que sur leurs eports. Les Irlandais ont cette faculté, par touches à peine perceptibles, à toujours savoir faire évoluer un jeu de prime abord monolithique. Mais ces micro-ajustements rendent quasiment impossible l'adaptation de l'adversaire, régulièrement déé par la précision des enchaînements des hommes verts, vainqueurs des batailles de la possession (56 %) et des mauls (100 % remportés, contre seulement 87 % pour les Bleus). Pas toujours lyrique, mais d'une efficacité décourageante. Et s'il fallait une preuve supplémentaire qu'en Irlande, le système prime toujours sur les individualités, c'est que l'on a très vite oublié l'absence du jeune retraité Johnny Sexton. 

La résilience à défaut de la brillance

Cela tient presque du mirage. Comment les Bleus ont-ils réussi à rester, pendant presque toute la rencontre, au d'une équipe qui les a dominés dans presque tous les compartiments du jeu ? En s'accrochant, en exploitant au maximum les rares erreurs irlandaises, en envoyant Damian Penaud, pourtant invisible, à deux longueurs du record d'essais de Serge Blanco (38), en s'appuyant sur une mêlée solide et seule capable de faire déjouer l'Irlande. Bref, au courage et à la sueur. Mais, face à l'Irlande, cela ne suffit évidemment pas et la fin de match s'est chargée de le rappeler. Cruellement.

On n'a pas aimé

Willemse, il faut se baisser

Paul Willemse a-t-il séché les séances de squats avec les Bleus ? Sinon, comment expliquer ses plaquages sans fléchir les jambes, qui l'ont vu percuter violemment les cervicales irlandaises ? Il avait sans doute imaginé beaucoup de scénarios pour son retour dans le XV de . Mais certainement pas celui-là. Absent de la Coupe du monde, Paul Willemse avait profité de défections notoires (Thibaud Flament, Emmanuel Meafou) en deuxième ligne pour réintégrer le groupe. Il a abandonné celui-ci après 32 minutes de jeu. Deux cartons jaunes - le deuxième finalement transformé en rouge par le bunker - et puis s'en va. Deux fois, pour des plaquages hauts. Si la faute initiale était excusable, reproduire le même geste quelques minutes plus tard relève de l'entêtement. Ses coéquipiers, déjà dans la panade avant son expulsion définitive, n'avaient pas besoin de ça. 

Ni réaction, ni réactivité

Sur le reculoir d'entrée, les Bleus ont d'abord semblé apathiques. Un état léthargique qui n'allait pas durer, pensait-on. Hélas, cette impression a duré, s'est étirée jusqu'au moment où l'évidence est apparue : le XV de n'avait simplement pas de solution. Alors que, ces dernières années, les hommes de Galthié brillaient par leur faculté à s'adapter et à innover, ils se sont cette fois retrouvés totalement démunis. Hésitation dans la guidance du jeu, soutien en retard, réalisme au vestiaire (Thomas Ramos aurait pu ramener les siens à 4 points dès la reprise), rien n'a semblé fonctionner. Déréglé, l'alignement français a perdu quatre ballons en touche. Et surtout, les Tricolores ont commis 13 pertes de balle, contre 7 à l'Irlande. Ce qui faisait l'une des forces bleues est soudainement devenu une faiblesse. Comme si tous les progrès patiemment construits au cours de ces dernières années, toute la confiance emmagasinée, avaient subitement volé en éclats.

Julien Lamotte,info: sport

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